« Libération » va mal, très mal même. Il est pas impossible qu’il disparaisse le prochain mois... »c’est une plaisanterie ?!?! »; « t’as fumé la moquette ou quoi? étasoeur !!??? ». Et non,« Libé » se
meurt et frôle le dépôt de bilan. Ce n’est pas la première crise que traverse le quotidien de gauche mais celle là est vraiment sérieuse !!! Un non dialogue s’est installé entre la
rédaction et ses dirigeants depuis la nomination en mars 2011, par les actionnaires (De Rotchild; Bruno Ledoux…) du journaliste Nicolas Demorand à la tête et de
la rédaction et de la publication. Dés le début, celui-çi essuie motion de défiance sur motion de défiance !! On a beau avoir été avec succès la tête
de gondole des matinées de France Culture et de France Inter durant 10 ans, diriger un canard « fragile économiquement » et
« bancal éditorialement » c’est une autre affaire de manche !! Etre le boss d’une rédaction connue pour ses casse-
couilles, ses électrons libres « parigot-bobo-branchouille », sûrs d’eux, souvent exaspérant (mais
avec de l’ humour), n’est pas donné à tout le
monde. Parti il y a 10 jours (ou contraint), Demorand n’aura tenu qu’à peine trois ans
(sachant qu’il avait été « obligé de lâcher » la direction de la rédaction il y a quelques mois). 2013 a été terrible pour le
journal de la rue Béranger avec plus de 20% de ventes en moins (en dessous
des 100.000 exemplaires). Les actionnaires ne veulent plus mettre « la main au pot », les journalistes
réclament des
moyens supplémentaires (avec embauches de journaliste) pour faire de « Libération » un journal bi-média digne de ce nom avec une vraie offre supplémentaire sur le mur-payant de
« Libé.fr ». Mais voilà Bruno Ledoux a révélé les intentions du directoire: décliner « Libé » en une marque avec un restaurant, un bar, une radio, une télé, un salon de causerie, je
cite « le Café Flore du XXI ème siècle »…et eventuellement un journal mais plus dans l’immeuble de la rue Béranger !!! Et les comités d’entreprises qui se sont
succédés cette semaine et le refus de l’Etat (du moins pour l’instant) de ne pas donner une aide exceptionnelle au journal n’ont rien mais alors rien du tout
arrangé. A moins d’un sauveur de dernière minute (mais qui ??!!??…Tapie ??), je crains le pire !! Ce serait un séisme terrible pour l’histoire de la presse en France et un coup de canif dans la diversité et dans la pluralité du débat hexagonal.
Fondé en 1973, j’en suis lecteur depuis 30 ans avec souvent des infidélités, il faut reconnaître que depuis le départ de Laurent Joffrin (reparti au « Nouvel Obs ») en 2011, « Libé » a (re)perdu de sa niaque, de son irrévérence et de sa curiosité. Il reste souvent à la pointe sur le sociétal, l’éducation et l’environnemental, il y a eu de belles couvertures des révolutions en Tunisie, en Egypte, la chute de Kadhafi en Libye et la guerre en Syrie ont donné lieu à des papiers sérieux, les billets d’Alain Duhamel, de Bernard Guetta ou de Daniel Schneidermann
sont souvent intéressants et pertinents, les chroniques culinaires de Jacky Durand sont réjouissantes, il y a de bons journalistes (François Sergent, Véronique Soulé, Jean Quatremer, Gérard Lefort…) mais on reste trop souvent sur sa faim pour un prix qui est passé en janvier à 1 € 70.
« Libé » (en version papier ou web) doit se secouer la pulpe sérieux !!!…continuer à être à la pointe sur la société française et l’environnement dans le monde, faire du grand reportage dans l’héxagone et à l’étranger, conserver son ton rigolo et insolent mais arrêter de se regarder le nombril et de « nous gonfler avec ses pages cultures bobo-chiantes-et-parisiennes » qui intéressent…3 personnes !!! Sinon je crains une réelle lassitude et un abandon total de celles et ceux qui vous aiment (encore) et qui vous lisent (un peu).
P.S.: Cette semaine, Bruno Ledoux a déclaré, lors d’une invitation à une école de journalisme, l’arrivée de 4 à 5 nouveaux actionnaires dans le capital du journal et l’inévitable suppressions de postes. A suivre.
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